Le diabète gestationnel (DG) est une forme de diabète qui apparaît ou est diagnostiquée pour la première fois pendant la grossesse. Il concerne environ 10 à 15 % des grossesses et nécessite une prise en charge rigoureuse pour prévenir les complications maternelles et fœtales.
** Dépistage et diagnostic **
Le dépistage du DG est recommandé entre la 24e et la 28e semaine d’aménorrhée, notamment chez les femmes présentant des facteurs de risque tels que :
– Âge ≥ 35 ans
– Indice de masse corporelle (IMC) ≥ 25 kg/m²
– Antécédents familiaux de diabète de type 2
– Antécédents personnels de DG
– Antécédents de macrosomie fœtale (poids de naissance ≥ 4 kg)
Le diagnostic repose sur une hyperglycémie provoquée par voie orale (HGPO) avec 75 g de glucose. Les seuils diagnostiques sont :
– Glycémie à jeun ≥ 0,92 g/L
– Glycémie à 1 heure ≥ 1,80 g/L
– Glycémie à 2 heures ≥ 1,53 g/L
Un seul de ces critères suffit pour poser le diagnostic. [1]
** Prise en charge hygiéno-diététique **
La première étape du traitement consiste en des mesures hygiéno-diététiques :
– *Alimentation équilibrée* : Fractionner les repas en 3 prises principales et 2 à 3 collations pour stabiliser la glycémie.
– *Choix des glucides* : Privilégier les glucides complexes à faible index glycémique (légumineuses, céréales complètes) et limiter les sucres rapides.
– *Activité physique régulière* : En l’absence de contre-indications, pratiquer une activité modérée (marche, natation) 30 minutes, 3 à 5 fois par semaine. [2]
** Insulinothérapie **
Si les objectifs glycémiques ne sont pas atteints après 7 à 10 jours de mesures hygiéno-diététiques, un traitement par insuline est envisagé. Les objectifs glycémiques sont :
– Glycémie à jeun < 0,95 g/L
– Glycémie 2 heures après le début du repas < 1,20 g/L
Les insulines recommandées pendant la grossesse incluent l’insuline NPH, la glargine U100, la détémir, ainsi que les analogues rapides comme l’asparte et le lispro. [1]
** Autosurveillance glycémique **
L’autosurveillance glycémique est essentielle pour adapter le traitement :
– Mesures à jeune et 2 heures après chaque repas.
– Fréquence : 4 à 6 fois par jour selon les recommandations médicales.
Cette surveillance permet d’ajuster l’alimentation et l’insulinothérapie en fonction des résultats. [3]
** Suivi post-partum **
Après l’accouchement :
– L’insuline est généralement arrêtée.
– Une surveillance glycémique est maintenue pour détecter un éventuel diabète persistant.
– Un test de dépistage du diabète de type 2 est recommandé entre 6 semaines et 6 mois post-partum, puis tous les 1 à 3 ans.
Le risque de développer un diabète de type 2 dans les 10 ans suivant un DG est d’environ 50 %. [3]
** Impact sur l’enfant **
Les enfants nés de mères ayant eu un DG présentent un risque accru de :
– Macrosomie fœtale (poids de naissance élevé)
– Hypoglycémie néonatale
– Obésité et diabète de type 2 à l’adolescence ou à l’âge adulte
Une surveillance pédiatrique est donc essentielle. [4]
La gestion du diabète chez les femmes enceintes repose sur une prise en charge multidisciplinaire incluant des mesures hygiéno-diététiques, une éventuelle insulinothérapie, une autosurveillance glycémique rigoureuse et un suivi post-partum attentif. Une collaboration étroite entre la patiente et l’équipe médicale est cruciale pour assurer la santé de la mère et de l’enfant.